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11 août 2007 6 11 /08 /août /2007 22:44
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D'une petite taille ou moyenne pour un buthidé, ce scorpion se caractérise par une coloration dorée qui s'assombrit légèrement sur sa partie dorsale, tout comme le dernier segment de sa queue. Cette arachnide habite les steppes et les pâturages du nord-est de la chine, notemment en Mandchourie. Les trois toxines présentes dans son venin sont utilisées dans la médecine traditionnelle chinoise depuis plus de 1000 ans.

Quelques informations supplementaire concernant le venin de sorpion pour Clo-2 ;)

La Chine, vaste espace, abonde en substances médicamenteuses. Les médicaments tirés de la nature jouent, depuis l'antiquité, un rôle important dans les progrès de la médecine et de la civilisation chinoises.

Les médicaments sont extraits du règne animal, minéral et surtout végétal, les trois grandes divisions de la nature. Les racines, tiges, feuilles, fleurs, fruits et écorces de certaines plantes peuvent tous servir à la composition de médicaments selon la théorie originale de la médecine chinoise.

Ainsi, les tigres et autres félidés, les ours (bile), les rhinocéros et autres ongulés, les chauves-souris, et plusieurs espèces d'oiseaux et de reptiles sont employés dans les médicaments de la médecine traditionnelle.

En ce qui concerne le scorpion, il apparaît très tôt, sous divers noms, dans la littérature médicale chinoise (TANG, 1108; LI, 1596; READ, 1941). Le premier Bencao qui le mentionnait est le Kaibao Bencao (publié en 974), un recueil en 20 chapitres malheureusement perdu, qui répertoriait 984 substances naturelles pour la préparation des remèdes et où le scorpion était désigné sous le nom Xie (TANG, 1108, 685 ; UNSCHULD, 1986).

En se rapportant à ce qu’on a dit plus haut, le premier Bencao qui mentionnait le scorpion est le Kaibao Bencao (974). Nous présentons ici la traduction de la partie du texte qui nous a été transmis relatives aux propriétés curatives :

“Les scorpions ont une saveur douce et âcre. Ils ont du poison. Ils guérissent toutes les maladies comme l’urticaire causées par le vent et jusqu’à celle (des personnes) “frappées par le vent”, dans laquelle on a la moitié du corps qui ne répond pas, les yeux et la bouche déviés, des difficultés d’élocution, les mains et les jambes contractées.” (TANG, 1108). Malheureusement le texte ne donne pas de recette et nous ne connaissons pas l’origine, les modalités et la réalité clinique de cet usage médical.Près d’un siècle plus tard, le Tujing Bencao (1062) indique : “Dansles temps anciens comme ujourd’hui (les scorpions ont été utilisés) pour traiter (les personnes qui ont) les mains et les jambes contractées, et guérir (jusqu’aux) convulsions/épilepsies des enfants. Les (livres de) prescriptions les utilisent fréquemment.” Mais cette fois-ci, les auteurs du Tujing Bencao proposent une recette tirée d’unlivre de prescriptions écrit sous la dynastie des Song du Nord et destinée à traiter les convulsions des enfants (TANG, 1108).Effectivement, l’usage des scorpions pour le traitement spécifique des convulsions/épilepsie des enfants est clairement documenté dans la littérature des Fangshu des dynasties Song. Par exemple, le traité de pédiatrie Xiaoer Weisheng Zong Wei Lun Fang (Traité ur les formules pour les soins de santé des enfants) contient plusieurs recettes utilisant le scorpion entier ou seulement la queue (la distinction entre les deux est donc ancienne) (ANONYME, Dyn.Song). Par la suite, la théorie médicale chinoise met explicitement le scorpion en relation avec le « méridien » du foie. Les théories du yin et du yang, des cinq éléments/phases et des canaux de l’acupuncture furent progressivement introduites dans plusieurs ouvrages de matière médicale produits au cours des périodes Jin-Yuan (UNSCHULD, 1986). Ces conceptions théoriques furent transmises aux ouvrages des Ming et Li Shizhen, écrit à l’article “Scorpion” : “Xie (les Scorpions) sont originaires des régions de l’Est, leur couleur est vert-bleu, (par conséquent ) ils sont en rapport avec (l’élément) bois et sont un remède du “canal Jueyin du pied” (le “méridien” du foie). C’est la raison pour laquelle ils guérissent toutes les affections du Jueyin (du pied : “méridien” du foie), tous les tremblements, les troubles de la vision, les convulsions (et) les contractures causés par le vent, le “chaud et froid” de la malaria, la surdité. Tous ces cas relèvent du Jueyin (du pied), du vent, du bois. C’est pourquoi Li Gao (originaire) de Dongyuan a dit : Parlant en général des hernies et des écoulements vaginaux, ils proviennent du vent (catégorie pathologique). Les scorpions sont des remèdes importants pour soigner le vent (pathogène). Dans tous (ces cas), il est opportun d’en faire usage.” (LI, 1596).Li Gao (1180-1251) a été un des maîtres de l’école médicale de Yishui sous les Jin et les Yuan (CHEN et al., 1999 ; UNSCHULD, 1986).

Li Shizhen a répandu sa théorie concernant les propriétés médicinales du scorpion dans le traitement des maladies du vent.  Le scorpion est toujours utilisé dans les médecines traditionnelles d’Asie Orientale. L’animal est capturé au printemps ou en automne .Il est généralement ébouillanté ou séché au soleil. Lorsqu’il est séché au soleil, il est appelé Dan quanxie. Séché et salé, on le nomme Xian quanxie. On utilise encore le scorpion entier (Quanxie) ou seulement sa queue (Xiewei).Le scorpion entre donc dans la préparation de nombreux remèdes contre différentes affections en relation avec le vent. Il est souvent associé à d’autres arthropodes et à des plantes médicinales. Il est prescrit sous forme de poudre à raison de 2 à 5 grammes par jour, en prises de 0,5 à 1 gramme. Lorsqu’on procède au recoupement des nombreuses données relatives à son utilisation dans les médecines traditionnelles de l’Asie, on constate que le scorpion a été utilisé dans les pathologies se traduisant par des convulsions, comme l’épilepsie. Cet usage a été validé par des études qui ont révélé la présence d’un peptide anti-épileptique (WANG et al., 2001). Le scorpion a servi également à la confection d’une pommade contre les abcès et les furoncles (GUILLAUME et MACH-CHIEU, 1987). Il se pourrait donc qu’il produise une substance active contre des agents infectieux comme le staphylocoque doré. Il est à noter toutefois que, dans ce cas, le scorpion est associé à Gardenia jasmi-noides Ellis, une plante de la famille des Rubiaceae, que la médecine traditionnelle de l’Inde utilise aussi comme antiseptique en usage externe. L’effet de la pommade doit-il être rapporté au scorpion, à la plante ou aux deux à la fois ? Nous n’avons pas trouvé de réponse dans les publications scientifiques récentes.

Les enjeux d’une telle étude sont considérables. En effet, les peptides antimicrobiens mis en évidence chez certaines espèces d’insectes ne sont pas les seules substances d’intérêt thérapeutique produites par les insectes. On peut raisonnablement espérer découvrir d’autres classes d’agents thérapeutiques en s’intéressant spécialement aux espèces sélectionnées par l’Homme, au cours des siècles, pour se nourrir et se soigner. En particulier, parmi les substances que des insectes et autres arthropodes produisent pour se défendre, pour tuer ou simplement paralyser leurs proies, figurent certainement des molécules susceptibles d’applications thérapeutiques. C’est d’ailleurs pourquoi des chercheurs étudient ces substances de nos jours, par exemple, l'entomologiste Roland Lupoli explore les forêts primaires de Guyane. Au cours d'un seul piégeage lumineux, il peut récolter plus de 150 espèces d'insectes différents, potentiellement intéressantes. Sa récolte nocturne rejoindra bientôt les laboratoires alsaciens d'une start-up en biotechnologies. Il reçoit également des sachets d'insectes utilisés en médecine traditionnelle chinoise...

Fin 1998, Entomed est créée; seules trois entreprises travaillent sur ce domaine dans le monde... A terme, il s'agit de comprendre quelles molécules entrent en jeu dans la défense des insectes, puis de les reproduire, les améliorer et les utiliser dans nos médicaments... Les espèces les plus intéressantes sont aposématiques : en cas de danger, elles cherchent à être vues; une façon de signaler à leurs prédateurs qu'elles ont des substances toxiques et qu'elles peuvent se défendre... Les insectes sont broyés, puis mis dans un solvant; après macération, les chimistes extraient quelques centilitres d'un liquide brunâtre; ils fractionnent ces extraits et les font réagir, in vitro, avec des cellules en culture; si l'une de ces fractions présente une activité antimicrobienne ou anticancéreuse, on cherche à savoir quelle molécule donne cette activité... Il faut environ douze mois pour détecter une molécule intéressante; 24 mois supplémentaires pour augmenter son activité au maximum; elle peut alors être brevetée....


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